Il la remarque dès qu’elle rentre dans
le wagon. Elle porte un jean, un vieux pull et des lunettes. Son visage lui
rappelle quelqu’un sans être tout à fait capable de savoir qui. Elle lui est
sympathique, il la trouve jolie. Très jolie. Lorsqu’elle s’assoit dans la
rangée à côté de lui, il ne peut déjà plus poser ses yeux ailleurs. Il la
déshabille des yeux. La dévore. Imagine son corps sous son pull; dans son
imagination il fait courir dessus ses mains, sa langue, ses dents.
Il se dit qu’il ne pourrait jamais avoir
une femme comme elle, il rage de toutes ces filles qu’il a connu et sur
lesquelles il a fantasmé, tout jeune déjà. Il repense aux Elodie en primaire et
au collège, aux Camille et aux Laura. Il se souvient avoir eu mal à trop penser
à elles. Mal au cœur, à la tête et au sexe aussi. Il leur en voulait de ne
jamais s’intéresser à lui, il nourrissait sa rancœur à la force de tous les
sourires qu’elles envoyaient aux autres. Les filles n’aiment que les connards
se disait-il et il fulminait à imaginer à quel point il aurait pris soin de sa
belle, de sa douce, juste une fille rien que pour lui.
Il sentait pour la femme du train le même sentiment d’attraction irrésistible, il savait exactement à qui il penserait ce soir en prenant sa douche.
Il sentait pour la femme du train le même sentiment d’attraction irrésistible, il savait exactement à qui il penserait ce soir en prenant sa douche.
Il la regardait avec avidité, s’imaginant descendre au même arrêt,
l’aborder avec une confiance qui n’était certainement pas la sienne, jouer le
chaud, le froid ; la provoquer et elle, elle qui serait certainement très réceptive,
souriante, à rire aux éclats et à rentrer dans son jeu. La séduction serait
totale, brûlante et impatiente, après quelques minutes à marcher dans la nuit
il se jetterait sur elle en l’embrassant fiévreusement.
Evidemment, ils seraient alors plus très loin de chez elle, lorsqu’en
l’embrassant il aurait déjà passé sa main sous son pull et pressé ses seins,
elle se serait frotté contre lui, lui aurait essayé de déboutonné son pantalon
lorsqu’elle se libérerait de son étreinte pour lui dire « c’est juste là,
viens ! ».
Il lui aurait alors couru après dans les escaliers, et, à peine rentrés ils
se seraient déshabillés l’un l’autre. Il imaginait surtout sa nudité à elle, la
forme de ses seins : ronds pour les mains, triangulaires pour la
bouche ; sa peau blanche et imparfaite, son cul qu’il se voyait déjà
fesser, ses cheveux qu’il respirerait jusqu’à n’en plus pouvoir.
Elle serait à l’initiative de la fellation : en le poussant sur le lit
elle se serait jetée sur son sexe pour le prendre à pleine bouche, sans
recherche. Il mettra alors doucement la main sur sa tête l’aider à trouver le
bon rythme, puis haletant, partira à la recherche de ses cuisses.
Tous deux, à la fois actifs, leurs lèvres et leur langues parcourant sans
se lasser le sexe de l’autre, et passifs, tiraillés par le besoin de jouir sans
contrainte de ce que l’autre fait et le doux masochisme de continuer sa tâche
de façon disciplinée. C’est lui qui craquerait en premier, la faisant s’asseoir
sur lui. Il aime beaucoup ça, dans sa tête, lorsque la femme est au-dessus, en
tout cas au début. Comme ça, il pourrait la regarder ; regarder ses seins
s’agiter en rythme, sa bouche ouverte, toucher ses cuisses et, si elle se
penche un peu trop en avant lui mettre un doigt dans le cul.
Si elle ne bronche pas, ce serait pour lui le signal : elle en veut ;
elle va en avoir cette salope. Il changerait de position pour la prendre en
levrette. L’heure n’est plus à la douceur et à la volupté : il rentrerait
violemment, la prendrait par les cheveux d’une main et la fesserait de l’autre.
Elle commencerait alors à remuer, lui sommerait d’aller « moins
fort » puis commencerait à vouloir changer de position, il l’insulterait.
Il la coincerait encore un peu alors qu’elle se mettrait à crier. Ils se
battraient un peu mais il aurait rapidement le dessus, il continuerait alors à
la tringler tandis qu’elle commencerait à pleurer.
Deuxième signal ; on va lui donner des vraies raisons de pleurer… La
violence, le sang et le sexe étaient le mélange qui le faisait le plus bander.
Il lui mettrait un premier coup de poing, pour qu’elle saigne de la bouche.
Puis un autre sur l’arcade sourcilière, « elle aura de la lessive à faire
demain cette pute ». Elle hurlerait, c’est sûr, il lui mettrait la main
sur la bouche pour pouvoir finir. Il s’imaginait bien jouir sur son visage
ensanglanté…
C’était toujours la même chanson ; au
départ ses rêves étaient doux mais très vite ils tournaient au cauchemar.
Surtout pour elle. Surtout pour lui. Il se faisait peur mais oubliait aussitôt
ses mauvais rêves dès le plaisir atteint.
Après tout, les fantasmes sont
innocents, non ?