J’ai lu que son père l’avait obligé à manger son lapin domestique après l’avoir abattu à coups de planche de bois.
Ma mère, elle, a dû remanger son
vomi. S’est fait éclater la tête contre le lavabo, comme ça, pour rien ;
il passait par là. Son père lui a renversé une pleine casserole de soupe qu’elle
avait elle-même préparée sous prétexte qu’elle était trop chaude. Elle avait 8
ans.
Ma mère et Joey ont à peu près le
même âge. Sauf qu’elle est devenue maman. Remplie d’amour plutôt que de
violence. Elle a inversé la vapeur, a puisé dans la force des souvenirs
heureux ; les pavés pieds nus, les odeurs d’eucalyptus, les défis
d’enfants et surtout la douceur de sa grand-mère.
Sa vraie famille ; avant de
pouvoir construire la sienne. Alors c’est comme ça, le karma. Parce que j’ai eu
une Maman, qui a toujours tout donné, qui a su montrer la voie, avoir peur,
être là ; pas parfaite non. Elle n’a jamais trop su comment faire devant
notre tristesse, elle ne la comprend pas. Celle qu’on ne s’explique pas
vraiment ; celle des premiers chagrins d’amour… Comment peut-on encore
pleurer alors qu’elle fait tout ?
Alors elle s’énerve, veut secouer
tout ça, faire tomber les larmes comme on fait tomber les pommes pour que tout
aille mieux, enfin.
Moi j’pourrais jamais avoir d’enfants. Mon ventre est
mort…
Pourtant je pense que ça aurait
pu marcher. J’aurais pas été de ceux qui battent, qui humilient, qui trichent.
J’aurais eu la patience, tu penses, avec tout ce que j’ai reçu !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire