jeudi 25 décembre 2014

Rencontre

Il la remarque dès qu’elle rentre dans le wagon. Elle porte un jean, un vieux pull et des lunettes. Son visage lui rappelle quelqu’un sans être tout à fait capable de savoir qui. Elle lui est sympathique, il la trouve jolie. Très jolie. Lorsqu’elle s’assoit dans la rangée à côté de lui, il ne peut déjà plus poser ses yeux ailleurs. Il la déshabille des yeux. La dévore. Imagine son corps sous son pull; dans son imagination il fait courir dessus ses mains, sa langue, ses dents. 

Il se dit qu’il ne pourrait jamais avoir une femme comme elle, il rage de toutes ces filles qu’il a connu et sur lesquelles il a fantasmé, tout jeune déjà. Il repense aux Elodie en primaire et au collège, aux Camille et aux Laura. Il se souvient avoir eu mal à trop penser à elles. Mal au cœur, à la tête et au sexe aussi. Il leur en voulait de ne jamais s’intéresser à lui, il nourrissait sa rancœur à la force de tous les sourires qu’elles envoyaient aux autres. Les filles n’aiment que les connards se disait-il et il fulminait à imaginer à quel point il aurait pris soin de sa belle, de sa douce, juste une fille rien que pour lui. 
Il sentait pour la femme du train le même sentiment d’attraction irrésistible, il savait exactement à qui il penserait ce soir en prenant sa douche. 

C’était toujours la même chanson ; au départ ses rêves étaient doux mais très vite ils tournaient au cauchemar. Surtout pour elle. Surtout pour lui. Il se faisait peur mais oubliait aussitôt ses mauvais rêves dès le plaisir atteint.

Après tout, les fantasmes sont innocents, non ?

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